Historique
Perché sur un rocher détaché de la faille de Mâlain et dominant le village de ses ruines imposantes, le château de Mâlain est le siège d’une seigneurie attestée dès le XIe s. et parmi les plus importantes de la région. Les familles qui l’occupèrent successivement de l’origine à la Révolution – les Sombernon, les Montagu, les Beaufremont, les Mâlain, les Brulard, les Vichy – jouèrent à plusieurs reprises un rôle important en Bourgogne et même à la cour du roi.
De la construction des XII/XIIIe s. subsistent le plan général, d’importants tronçons de murailles et quelques salles comme le cachot et la chapelle ; mais la plupart des vestiges visibles sont de la fin du XVe – la grosse tour ronde à canonnière et l’essentiel du logis supérieur- ou même de la fin du XVI° s. – l’enceinte de la basse-cour et l’entrée -, époque où le château, transformé en place forte, est un enjeu local important des guerres de religion opposant le roi aux Ligueurs.
Partagé en 1422 entre deux sœurs ennemis à la suite du décès sans héritier direct de leur oncle, Pierre de Montagu – le mur qui coupe alors le château en deux à la hauteur des cuisines est toujours apparent -, le château passe entre les mains de diverses familles :les Villers-Sexel, les Bauffremont, les Sercey, les Rougemont, les Malain, les Brulart, les Luynes et, derniers seigneurs à la veille de la Révolution, les Vichy Champrond .
Après le partage de 1422, si la partie basse du château, comprenant pourtant le donjon et la principale salle de réception, n’est plus entretenue et sans doute même assez vite en partie démontée par les co-seigneurs, les Malain vont avoir à cœur de disposer là d’un logis dans le goût du jour et qui atteste de leur nouvelle qualité de nobles (avec l’acquisition de la seigneurie, ils ont transformé leur nom de Molain en Malain). C’est ainsi qu’ils font construire à la fin du XVe siècle ou au tout début du XVIe siècle le logis dont subsistent la grosse tour ronde et, pour partie, le rez-de-chaussée du bâtiment attenant. Initialement pourvu de deux niveaux et coiffé de vastes combles bien éclairés par des lucarnes, ce logis était protégé des vents du nord par la crête du rocher contre lequel il s’adosse, largement ouvert au sud sur la lumière et le soleil par de vastes baies à meneaux, bien desservi à l’étage par un bel escalier à colimaçon et pourvu d’aménagements de confort : sols de tomettes émaillées, plafonds à la française, vastes cheminées ouvragées, fenêtres à vitraux, fourneaux de faïence, citerne accessible de l’intérieur…
Devenu un enjeu de pouvoir lors des guerres de religion entre les partisans du roi et les Ligueurs, le château est transformé en place forte avec l’aide du Parlement de Dijon, acquis à la Ligue, dans les années 1590. C’est de cette époque que datent le renforcement du Corps de Garde et la construction de la Basse-cour en face sud du château ainsi que la porte d’entrée couronnée du blason des Mâlain. Il ne sera réunifié qu’au milieu du XVIIe siècle, par Nicolas Brulart, président du parlement de Bourgogne, pour être aussitôt délaissé comme impropre à y vivre « noblement » et c’est un château abandonné et certainement déjà très démantelé qui sera vendu à la Révolution comme Bien National et de nouveau partagé entre deux propriétaires selon le tracé du mur de séparation de 1422.
En 1984, le château, partagé entre deux propriétaires différents depuis la Révolution disparaissait entièrement sous la végétation, et, seul vestige un peu spectaculaire émergeant des décombres, la tour maîtresse menaçait de s’effondrer sur le village. Un don généreux permettait au GAM de se porter acquéreur de l’essentiel de la butte portant les ruines, la municipalité de Mâlain obtenant par ailleurs au franc symbolique le reste du logis seigneurial. Les travaux de restauration pouvaient commencer.
C’est donc une ruine que le GAM a entrepris de sauver d’une disparition complète non pas dans l’idée de se lancer dans des restitutions nécessairement aventureuses, mais plutôt dans celle de sauver ce qui peut l’être encore pour redonner vie au site et déjà au logis attenant à la grosse tour.
Il ne faudra pas moins de cinq ans à l’association pour éliminer la végétation et dégager les ruines du plus gros des décombres. Les consolidations pouvaient alors démarrer vraiment. Elles n’ont pas cessé depuis et année après année, et pièce après pièce, le château fort de Mâlain reprend forme : le rempart de la basse-cour est consolidé et la porte d’entrée reconstituée, le corps de garde dégagé, plusieurs salles voûtées remises à jour et le rez-de-chaussée du logis seigneurial en grande partie restauré. Avec le cachot, la cave à vin, la canonnière, ce ne sont pas moins de huit salles – onze à terme rapproché – qui sont désormais ouvertes à la visite et rendues disponibles pour diverses manifestations culturelles : pièces de théâtres, concerts, jeux scéniques, repas de fêtes…
Les jardins aménagés à l’intérieur du château présentent des herbes et des légumes utilisés pendant le Moyen Âge et à la Renaissance.
Les restaurations ont été longtemps financées à parts égales par l’association et la Région, avec la contribution, plus limitée, de la Culture, du Département et de la Direction régionale Jeunesse et Sports. Depuis quelques années l’association assure seule le financement de l’opération avec la contribution de donateurs
Vestiges de la Tour ronde en 1984
A vous d’écrire la suite de l’histoire du château…